Il était une fois Gujan-Mestras
Il était une fois Gujan-Mestras
Le souffle du passé
Il y a fort longtemps, bien avant que les rails du train (1841) ne sillonnent la pinède, bien avant que les cabanes d’ostréiculteurs ne rythment le bord du Bassin, il n’y avait ici que le souffle du vent, les cris des oiseaux marins, et les eaux salées qui allaient et venaient au gré des marées.
Hôtel de Ville, Monument aux Morts et Salle des Fêtes
"Gujan" et "Mestras" : deux villages, un destin commun
Les siècles passent, et deux bourgs émergent : Gujan et Mestras. Ils fusionnent en 1854 pour donner la commune de Gujan. Leurs habitants sont marins, paysans, saliniers. Les marais salants étincellent sous le soleil d’Aquitaine. Le temps s’écoule lentement.
En 1908, alors que notre ville s'appelle encore "Gujan", le docteur Louis BEZIAN, avec quelques hommes de bonne volonté, crée l’équipe de rugby Union Athlétique de Gujan-Mestras (UAGM). Dans l’appellation "Gujan" est associé à "Mestras" et sur le terrain, Gujanais et Mestrassais sont unis pour gagner.
Alors qu'après la Première Guerre Mondiale, le nom des Gujanais et Mestrassais morts pour la France figurent côte à côte sur le même monument aux morts, le maire Jules Barat propose au conseil municipal d'adopter la dénomination Gujan-Mestras au lieu de Gujan, mais il y eu unanimité contre.
Il faut attendre le 15 septembre 1935 pour que, tout juste élu maire, le docteur Louis Bézian fasse adopter par l’assemblée municipale une demande officielle d’appellation de "Gujan-Mestras". C’est le décret du 24 mars 1936 qui a légalisé Gujan-Mestras avec un trait d’union.
Port du Canal - Photo : M. Duvignac
Gujan-Mestras, ce n’est pas un seul port, mais sept.
Chacun a sa personnalité, son histoire et ses familles qui perpétuent les gestes du bassin. Larros, sans doute le plus connu, attire avec ses cabanes colorées et ses dégustations d’huîtres sur les pontons. Mais les autres ne manquent pas de charme : Meyran, La Hume (et son petit port de Bordes), Le Canal, La Barbotière, La Mole et enfin Gujan, aussi appelé La Passerelle.
Ensemble, ils dessinent une main ouverte vers la mer, symbole d’un même cœur battant au rythme de la marée, du travail et des traditions maritimes.
Huître creuse du bassin d'Arcachon - Photo : M. Kheloufi
L’appel de l’huître
Le paysage change. Le sel laisse place à une autre richesse : l’huître. « On pruque les huîtres plates sur le tatch », on ramasse les huîtres plates, vivantes et sauvages sur une zone de terre, vase et herbes qui se dévoilent à marée basse. Des familles entières s’installent près de l’eau. Les hommes construisent des cabanes, glissent dans leurs pinasses pour aller poser les premières poches d’élevage.
Un nom revient : Victor Coste, qui organise l’ostréiculture moderne, nous sommes en 1864. Il structure, règlemente, attribue des concessions. A partir de ce moment, et grâce à son littoral propice à l'aménagement de ports, Gujan-Mestras devient un pilier de la production d’huîtres ce qui lui vaut aujourd'hui son titre de capitale ostréicole du bassin d'Arcachon.
Depuis, nos "paysans de la mer" se doivent d'adapter continuellement leur travail. Les techniques évoluent, les espèces d'huîtres varient. Ainsi, l'huître plate laisse place à l'huître creuse portugaise dans les années 20. Dans les années 70, c'est au tour de l'huître creuse japonaise (pourtant importée du Canada) d'être mise en culture.
Raisinier
Le bois, les bateaux, et l’odeur de la résine
Au XXe siècle, Gujan-Mestras se transforme doucement. On y construit des bateaux, on y écoute la radio le soir, on respire l’odeur de la résine en rentrant des chantiers navals. Les ports s’animent au son des marteaux, des discussions en patois, du vent dans les pins. Une mélodie singulière naît.
L'Argo II - Réplique de bac sardinier - Photo : L. Schmitt, Argonautique
Au début du XXᵉ siècle, Gujan-Mestras devient l’un des grands centres de la pêche à la sardine sur le bassin d’Arcachon. Chaque jour, les pinasses quittaient le port de Larros, tandis que plusieurs conserveries faisaient vivre de nombreuses familles du village.
L’activité connut son apogée entre les deux guerres, lorsque les quais étaient animés du va-et-vient des pêcheurs et des boîtes de sardines prêtes à partir. Puis, peu à peu, les sardines se sont faites plus rares. Après 1950, les conserveries ont fermé leurs portes, marquant la fin d’une époque.
Aujourd’hui, cette page d’histoire continue de vivre à travers les sardinades de l’été. Ces fêtes conviviales rassemblent habitants et visiteurs autour des grillades et du souvenir d’un temps où Gujan-Mestras vivait au rythme de la pêche.
Aujourd’hui, entre racines et renouveau
Aujourd’hui, alors que Gujan-Mestras accueille près de 23 000 habitants, il est urgent de préserver son âme, ses traditions et son patrimoine.